CAN 2019 : Tunisie – Angola : Un nul et beaucoup d’interrogations
Après une phase de préparation maîtrisée ponctuée par trois victoires en trois rencontres dont une contre les vice-champions du Monde, les Aigles de Carthage ont montré un visage bien plus décevant pour leur entrée en lice dans cette CAN 2019. Les hommes d’Alain Giresse ne sont pas parvenus à se défaire de l’Angola, 123e au classement FIFA. Au-delà du score, c’est surtout la prestation générale qui pose question, en plus de l’impuissance d’un sélectionneur qui n’a jamais su apporter les réponses nécessaires face à un bloc bien organisé.
Une composition d’équipe inadaptée
Pour cette rencontre, Alain Giresse et son staff ont choisi de reconduire le même onze qui s’était imposé contre la Croatie, avec pour seul changement Naim Sliti qui a pris la place d’Anis Badri à la droite de l’attaque. Rami Bedoui était aligné en position de latéral droit, Oussama Haddadi a lui été préféré à Ben Mohamed à gauche, alors que Chaalali, Skhiri et Kechrida étaient associés au milieu. Devant, c’est le trio Msakni-Khazri-Sliti qui était donc reconduit.
Malgré la victoire et la prestation convaincante contre la Croatie, on avait déjà pu apercevoir des axes d’amélioration sur certains postes, surtout qu’il s’agissait là d’un tout autre type d’adversaire. La première interrogation concerne d’abord Wajdi Kechrida. Il s’agit là d’un joueur qui sort d’une saison de très haut niveau avec son club en tant que latéral droit. Il est dénué de sens de s’en priver à ce poste pour le mettre dans une position à laquelle il n’a pas évolué depuis maintenant deux ans. Il est donc normal de voir ce joueur sous-performer et ne pas avoir les réflexes d’un milieu de terrain qui joue à l’intérieur du jeu. Les rares situations où il s’est retrouvé en position de déborder à droite avec de l’espace devant lui ont d’ailleurs été les plus intéressantes. Il est d’autant plus surprenant de voir qu’il a été choisi de faire confiance à Rami Bedoui, un latéral droit avec un apport offensif proche du néant, contre un adversaire comme l’Angola. Le fait d’avoir un latéral aussi bas sur le terrain a longtemps handicapé l’équipe lors des phases de construction tunisiennes, et Kechrida a rarement été capable d’attaquer l’espace nécessaire pour faire progresser le jeu.
La deuxième interrogation concerne le milieu de terrain et plus précisément les rôles de Skhiri et Chaalali lors de cette rencontre. Alors que le joueur de l’EST est un milieu relayeur normalement chargé de faire le lien entre le milieu et l’attaque par ses passes ou en cassant des lignes balle au pied, celui-ci a été aligné en position de sentinelle devant la défense. Skhiri, qui a jusque-là toujours évolué en position de numéro 6 avec la sélection, a été positionné plus haut sur le terrain en tant que relayeur. Là encore, on a longtemps senti que les deux joueurs manquaient de repères aussi bien sur les phases offensives que sur les phases défensives. Cela s’est naturellement traduit par un manque de fluidité lorsque les Aigles étaient chargés de construire de l’arrière, mais aussi lors des replis défensifs. Le but de l’Angola en est d’ailleurs le meilleur exemple avec les deux joueurs qui se font éliminer d’une facilité déconcertante.
Les deux premiers dysfonctionnement exposés précédemment ont été à l’origine d’un troisième problème : un trio d’attaque peu complémentaire et qui s’est longtemps marché dessus. Alors que Youssef Msakni a très vite joué le rôle d’un meneur de jeu en dézonant et en se montrant très disponible entre les lignes, Khazri et Sliti ont souvent proposé les mêmes solutions. Le positionnement moyen de l’équipe montre d’ailleurs que les deux joueurs occupaient exactement la même zone dans l’axe du terrain. L’équipe a par conséquent manqué de profondeur, chose qu’un latéral droit plus offensif aurait pu apporter et qu’un Wajdi Kechrida positionné au milieu n’a fait que trop rarement, par manque de repères mais aussi du fait de son influence restreinte dû à son poste.
Quel onze pour affronter le Mali ?
Alors que les Aigles se retrouvent déjà dos au mur après ce match nul, ils s’apprêtent à affronter un adversaire qui a fait une très bonne impression lors de la première journée. Le Mali s’est imposé contre la Mauritanie sur le score de 4 buts à 1 avec une prestation plus que convaincante. En surclassant leur adversaire sur le plan physique ainsi que sur le plan tactique, exerçant un pressing très efficace avec des éléments offensifs rapides et puissants, les maliens ont montré qu’ils étaient capables de poser énormément de problèmes aux coéquipiers de Msakni. Il sera donc nécessaire d’avoir un milieu capable de se défaire de la pression grâce à sa qualité technique avec des éléments capables de jouer entre les lignes. Le retour de Ferjani Sassi ferait dans ce cas énormément de bien à l’entrejeu tunisien. En étant associé à Skhiri en sentinelle et Chaalali en deuxième relayeur, le milieu de terrain du Zamalek pourrait être le facteur X des Aigles dans ce secteur de jeu.
Devant eux, le trio offensif composé de Msakni, Sliti et Khazri pourrait profiter du retour de Wajdi Kechrida en position d’arrière droit. Les montées du latéral de l’Etoile permettraient à Naim Sliti, le plus susceptible de débuter à droite, de rentrer à l’intérieur et de prendre une position de numéro 10 dont il a l’habitude. Ghaylene Chaalali, capable de se projeter dans les dernier tiers adverse, pourrait lui aussi être précieux pour combiner avec ses coéquipiers d’attaque. Une autre solution pourrait consister à aligner un véritable attaquant de pointe afin d’avoir un point d’appui chargé de gêner la défense malienne. Ainsi, on verrait Taha Yassine Khenissi ou Firas Chawat prendre la place d’un des relayeurs comme on a pu le voir lors du dernier match de préparation contre le Burundi. Néanmoins, cela pourrait être préjudiciable à un entrejeu qui perdrait en maîtrise.
Auteur d’une prestation correcte contre l’Angola et bon contre-attaquant, Oussama Haddadi pourrait lui conserver sa place en position de latéral gauche, et ce malgré la présence de l’excellent Aymen Ben Mohamed sur le banc. L’axe de la défense devrait lui rester identique. Enfin, et malgré son erreur qui a conduit à l’égalisation de Djalma, on voit mal Farouk Ben Mustapha perdre sa place au poste de gardien de but.
Il faudra également prendre en compte le fait que cette rencontre se jouera en pleine après-midi à 16 heures 30 et qu’il sera donc nécessaire de gérer les efforts. Voici ce à quoi pourrait ressembler l’équipe tunisienne qui affrontera le Mali ce Vendredi.