CAN 2019 : 15 ans après
Après une longue attente et un stage de préparation qui a débuté il y a plus de 20 jours, c’est ce soir que la Tunisie fait son entrée en lice dans cette CAN 2019 sur la pelouse du stade de Suez. Elle y affronte d’abord l’Angola, avant d’aller y défier le Mali Vendredi, pour enfin finir avec la Mauritanie le 2 Juillet. Si ces trois adversaires sont a priori abordables pour nos Aigles, la CAN nous a souvent montré que la qualité intrinsèque des équipes n’était pas toujours le meilleur indicateur pour établir des pronostics, et que le contexte particulier de cette compétition pouvait réserver certaines surprises. Méfiance donc, alors qu’il faudra s’inscrire dans la continuité des bonnes prestations entrevues lors des matchs de préparation, tout en évitant l’excès de confiance qui nous a joué des tours lors de la dernière Coupe du Monde.
Une liste entre surprises et audace
13. Voici le nombre de joueurs qui seront présents à la CAN et qui ont pris part au Mondial russe l’été dernier. Bien que les blessures de Ben Amor et Khaoui pour ce tournoi ainsi que celles de Msakni et Khenissi l’an dernier permettent de gonfler ce chiffre, cela prouve néanmoins que la sélection nationale, avec à sa tête Alain Giresse, a d’ores et déjà entamé sa phase de renouvellement. Ainsi, des cadres comme Ali Maaloul et Fakhreddine Ben Youssef ont été écartés par pur choix technique, tandis que Syam Ben Youssef a lui choisi de mettre un terme à sa carrière internationale après avoir appris que le sélectionneur comptait en faire une « simple » doublure. L’émergence d’éléments comme Aymen Ben Mohamed, Wajdi Kechrida, Mohamed Drager ou encore Firas Chawat tombe elle aussi à point nommé et a permis d’apporter davantage de concurrence à des postes qui manquaient de profondeur. Mais la plus grande surprise de cette liste a 18 ans et ne compte aucun match en pro. Il s’agit du très jeune Marc Ellamti qui évolue avec l’équipe réserve du Bayer Leverkusen. Milieu de terrain polyvalent, capable d'occuper le poste de numéro 6 et de jouer plus bas dans l’axe de la défense, sa convocation continue de poser énormément d’interrogations. L’idée selon laquelle sa convocation pour la CAN a été utilisée comme un argument pour le convaincre de rejoindre la sélection tunisienne parait la plus plausible.
Si cette liste contient donc un bon nombre de surprises, elle conserve néanmoins un noyau très compétitif et doté d’une grande expérience à ce niveau, et ce malgré la moyenne d’âge de l’équipe qui est la plus faible du tournoi. Pas moins de 7 joueurs qui ont débuté le premier match du mondial contre l’Angleterre devraient ainsi se retrouver titulaire face à l’Angola. La polyvalence d’un certain nombre d’éléments comme Mohamed Drager, Aymen Ben Mohamed ou encore Wajdi Kechrida représente également un atout de taille qui permettra aux Aigles de s’adapter aux différents adversaires au fil de la compétition.
Objectif demi-finales
Cela fait désormais 15 ans que la Tunisie n’a plus dépassé le stade des quarts de finale. C’était en 2004, lorsque les hommes de Roger Lemerre avaient offert au pays sa première CAN, l’emportant en finale face au voisin marocain sur des buts de Dos Santos et Zied Jaziri. Les désillusions se sont depuis enchaînées avec 5 éliminations en quarts de finale et 2 éliminations au premier tour. Cette année, l’objectif est donc clairement affiché et assumé, il s’agit d’atteindre un dernier carré qui nous échappe depuis beaucoup trop longtemps en s’appuyant sur une génération talentueuse avec certains cadres qui arrivent à un pic de leur carrière, et d’autres plus jeunes qui sont prêts à montrer leur talent au monde pour enfin passer un pallier en club. On pense notamment à Kechrida et Ben Mohamed qui évoluent en Tunisie et peuvent espérer attirer les sirènes des plus grands championnats européens après une saison exceptionnelle avec leurs clubs respectifs.
La première étape de cette aventure est donc l’Angola, 123e au classement FIFA et dont l’ossature se compose principalement d’éléments évoluant localement à Primeiro de Agosto, club toujours très compétitif sur le plan continental et qui a notamment posé énormément de problèmes à l’Espérance en demi-finales de l’avant-dernière édition de la Ligue des Champions. Sur le plan offensif, la principale menace de cette sélection se nomme Geraldo, ailier droit virevoltant évoluant dans le club égyptien d’Al Ahly (Ex. Primeiro de Agosto). Il sera accompagné par un autre attaquant à surveiller de près, Gelson Dala, qui évolue dans le club portugais de Rio Ave. Mais c’est plus bas, dans l’axe de la défense, que l’on retrouve le joueur le plus connu de cette équipe. Il s’agit du défenseur central de la Lazio de Rome, Bastos Quissanga, déjà présent lors de la dernière CAN disputée par les Palancas Negras en 2013. Bien que bénéficiant d’éléments offensifs très percutants et d’un style particulier avec un jeu direct ayant pour but de profiter des qualités de vitesse des attaquants, l’Angola reste une équipe assez friable sur le plan tactique. La complémentarité entre Msakni, Sliti et Khazri ainsi que le travail de nos deux récupérateurs Skhiri et Sassi seront donc les clés de ce match pour mettre à mal le bloc mis en place par Srdjan Vasiljevic, sélectionneur aux stats peu flatteuses avec seulement 9 victoires en 77 matchs dans sa carrière de manager.
Une victoire face aux Palancas Negras permettra aux hommes d’Alain Giresse de débuter cette compétition de la meilleure des manières et d’engranger de la confiance avant d’affronter Vendredi un adversaire plus coriace, du moins sur le papier.
Pour ce premier match, Alain Giresse devrait faire confiance aux hommes en forme du moment en alignant Farouk Ben Mustapha au poste de gardien de but, qui passe logiquement devant un Moez Hassen sortant d’une saison blanche après sa blessure lors du dernier mondial. L’axe de la défense sera lui composé de Yassine Meriah et de Dylan Bronn, très attendu lors de ce tournoi en raison de son excellente saison avec La Gantoise. C’est bien Wajdi Kechrida qui devrait occuper le poste de latéral droit, avec un doute qui subsiste entre Ben Mohamed et Haddadi pour celui de latéral gauche. Au milieu, c’est Skhiri et Ferjani Sassi qui seront associés dans l’entrejeu, derrière un trio composé de Msakni, Sliti et Khazri. Enfin, c’est Taha Yassine Khenissi qui devrait mener l’attaque tunisienne.
Coup d’envoi à 18 heures HT.