Limogeage de Benzarti : symbole de l’amateurisme d’une fédération dépassée
La nouvelle est soudainement tombée dans l’après-midi de Samedi via un communiqué de la FTF : Après 11 semaines, 3 matchs et autant de victoires, la fédération a décidé de mettre fin à la mission de Faouzi Benzarti à la tête de la sélection. Au-delà des motifs de ce limogeage qui restent à ce jour peu convaincants, ce qui ressort de cette décision est avant tout le manque de cohérence d’une fédération à la gestion calamiteuse qui semble naviguer à vue depuis de trop longues années
Après la déception du Mondial et le départ de Maaloul, il était devenu clair que l’équipe nationale avait besoin de changer de cap. Les rêveurs ont donc imaginé, en oubliant les réalités du pays et de notre fédération, que l’on pouvait suivre le modèle de certaines sélections comme l’Iran en engageant un sélectionneur qui s’inscrirait sur le long terme et aurait pour mission de participer à la restructuration globale de notre football. Hélas l’état actuel de nos instances dirigeantes a vite mis fin à cette utopie et la short-list des potentiels remplaçants de Maaloul n’était autre qu’une liste de noms que l’on a déjà vu passer et repasser à plusieurs reprises à la tête de nos clubs voire de notre sélection. Parmi ces noms peu ronflants, c’est finalement Faouzi Benzarti qui a été choisi. A première vue, cela semblait correspondre à un choix peu cohérent au vu des besoins de l’équipe nationale mais au moins pragmatique et qui permettrait d’atteindre les objectifs fixés au moins jusqu’à la CAN 2019.
C’est sans surprise que les critiques ont commencé à pleuvoir dans la minute où la nomination de Benzarti fut officialisée. Possibles conflits avec les binationaux, méthodes pas adaptées à la gestion d’une sélection, ou encore risque de le voir partir au moindre accroc : voilà entre autres les interrogations qui ont accompagné l’éphémère sélectionneur tout au long de son très court mandat. Ce qui est certain, c’est que la FTF était parfaitement au courant des méthodes de travail, de la façon de faire et des défauts de Benzarti. Ressortir donc des raisons telles que son relationnel avec les joueurs ou ses méthodes agressives pour expliquer son licenciement ne fait qu’accroitre l’impression d’amateurisme que donnent la FTF et son président. De plus, celui qui est l’entraineur le plus titré du football tunisien restait sur une belle mais là encore très courte aventure avec le Wydad Casablanca qu’il avait accepté de quitter pour répondre à ce qu’il a lui-même appelé un « devoir national ». Faire venir un entraineur qui performe avec son club pour le jeter comme un malpropre à peine 3 mois plus tard en prétextant une mauvaise relation avec certains joueurs, cela ne peut être que honteux pour une Fédération censée représenter la Tunisie et son football.
La question qui se pose désormais est donc de savoir s’il était prévu, avant même d’engager Benzarti, de mettre fin à ses fonctions une fois la qualification pour la CAN obtenue. C’est en tout cas ce qu’affirme le principal concerné depuis son limogeage, insistant sur le fait qu’il a été utilisé comme « bouclier » par Wadii Jari et que le plan de départ de la FTF était bel et bien de nommer Maher Kanzari. Le fait que Benzarti n’ait jamais signé de contrat ainsi que les propos du porte-parole de la Fédération qui s’est exprimé Dimanche dernier ne font qu’entretenir ces interrogations : après avoir confirmé qu’il était normalement prévu de nommer un nouveau sélectionneur d’ici Janvier prochain, ce dernier a ensuite rappelé que lui souhaitait néanmoins que le duo Kanzari-Okbi aille jusqu’à la CAN. Ce monsieur a-t-il, de façon maladroite, exprimé la volonté réelle de la FTF, ou bien a-t-il simplement fait preuve d’un manque de professionnalisme s’inscrivant par la même occasion dans la continuité de la fédération qui l’emploie (quand est-ce qu’un porte-parole est-il censé donner son avis personnel sur une telle décision) ? Impossible de le savoir. A cela s’ajoute les arguments presque ridicules affirmant que Benzarti s’en était pris personnellement à tel ou tel joueur, que des glacières « volaient » dans le vestiaire et que certains menaçaient de ne plus revenir si celui-ci était maintenu à son poste. Difficile à croire lorsque l’on connait la relation que ce dernier entretient avec les joueurs qu’il a déjà eu sous ses ordres et qui sont aujourd’hui présents en sélection. Et quand bien même certains éléments se seraient plaints de la façon de faire du sélectionneur, ceux-là font ils la loi au sein d’une équipe censée représenter le pays ? Le chapitre Faouzi Benzarti restera quoi qu’il en soit comme un symbole de l’amateurisme d’une fédération qui est en train de détruire le football tunisien à petit feu.
Désormais, on peut imaginer que les futures confrontations des Aigles dicteront la marche à suivre quant à la nomination ou non d’un nouveau sélectionneur. Ainsi, si les Aigles décrochent des résultats positifs contre l’Egypte et le Maroc les 16 et 20 Novembre prochains, on peut imaginer que la FTF n’aura aucun mal à maintenir Maher Kanzari et Mourad Okbi à leur poste. Dans le cas contraire, on aura sans doute le droit une nouvelle fois à une short-list composée de noms tels que Pierre Lechantre, Marc Wilmots ou Hugo Broos ; en d’autres termes des noms qui serviront à la FTF pour affirmer que celle-ci a enfin engagé un sélectionneur étranger, peu importe ses compétences et son passé. On voit mal de toute manière comment est-ce que cette fédération peut encore avoir la moindre crédibilité aux yeux de potentiels futurs sélectionneurs qu’elle contactera après un tel épisode et vu son mode de fonctionnement depuis quelques années maintenant.