Tunisie – Portugal : Score flatteur mais contenu mitigé
A exactement trois semaines de leur entrée en lice au Mondial, les Aigles affrontaient, à Braga, une sélection portugaise amputée de sa star Cristiano Ronaldo qui disputait la finale de la Ligue des Champions deux jours plus tôt. Si le score final est flatteur, avec un match nul et une remontée au score qui démontre tout le caractère des hommes de Maaloul, le contenu était quant à lui plus mitigé. Retour sur ce match de préparation.
Pour cette rencontre, la Tunisie était privée de Wahbi Khazri et Mohamed Amine Ben Amor, deux éléments clés du dispositif tunisien rétablis de leur blessure mais préservés par le staff. Nabil Maaloul a opté pour un dispositif en 4-2-3-1 avec Seifeddine Khaoui dans un rôle d’électron libre derrière Saber Khelifa, qui occupait lui la pointe de l’attaque tunisienne pour son retour en sélection. La paire Sassi-Skhiri, plutôt convaincante contre le Costa-Rica, a été reconduite à la récupération, tandis que Badri et Sliti avaient pris place sur les côtés. En défense, la charnière Benalouane-Meriah déjà testée contre l’Iran a de nouveau été choisie pour ce match, alors que Nagguez et Haddadi, meilleurs contre-attaquants que défenseurs, étaient les deux latéraux. Enfin, Mouez Hassen a été préféré à Balbouli en tant que dernier rempart.
Formation de la Tunisie contre le Portugal :
Une première mi-temps qui a exposé beaucoup de lacunes
Les Aigles sont d’abord très bien rentrés dans la rencontre en essayant de prendre le jeu à leur compte dès les premières minutes, parvenant à se créer une première occasion avec une frappe de Seif Khaoui à l’intérieur de la surface qui est passée à côté du poteau droit d’Anthony Lopes. D’abord surpris par la volonté des tunisiens de développer un jeu au sol et de ressortir proprement par l’arrière, les portugais ont ensuite progressivement repris le contrôle du jeu, exerçant un pressing qui a posé énormément de problèmes aux hommes de Maaloul. Ces derniers ont alors éprouvé de grandes difficultés à construire, en étant parfois poussés à l’erreur avec des pertes de balle dans leur moitié de terrain. Heureusement, les bons retours de Skhiri, qui a récupéré un nombre incalculable de ballons, ou le manque de justesse des portugais dans le dernier geste, ont évité aux Aigles d’encaisser un but assez tôt dans la rencontre. Le premier enseignement de ce match de préparation vient justement de ce problème, avec une équipe tunisienne qui a paru impuissante et souvent incapable de ressortir le ballon en première mi-temps, face à un bloc organisé et un pressing discipliné. Rien de bien extraordinaire, mais un niveau d’adversité au-dessus de celui que l’on a pu voir contre l’Iran et le Costa-Rica, sélections face auxquelles les tunisiens n’avaient aucun problème à déployer ce jeu de passes courtes extrêmement agréable. Les décrochages de Badri et Sliti ont alors beaucoup aidé, tandis que Khaoui a lui paru un peu plus effacé dans la construction malgré une qualité technique qui aurait pu être précieuse dans ce registre. L’incorporation d’un troisième milieu de terrain qui évoluerait dans une position plus proche de Skhiri et Sassi peut dans ce cas s’avérer être une solution. Nous avons d’ailleurs pu observer que lorsque Badri a reculé dans un rôle de relayeur en deuxième mi-temps, les Aigles ont eu moins de difficultés à toucher les éléments offensifs. De même, le profil de Saber Khelifa, qui est plus un attaquant capable de prendre la profondeur que de servir de point d’appui et d’offrir des solutions de passes en décrochant, a également posé des problèmes à la construction.
En plus de la difficulté à ressortir le ballon, la Tunisie a également longtemps été dépassée au milieu de terrain avec un Ferjani Sassi qui se faisait effacer beaucoup trop facilement, et un Skhiri qui se retrouvait alors souvent contraint de compenser les errements de son coéquipier. On a eu la confirmation sur cette rencontre que l’ancien messin est bien plus à l’aise lorsqu’il dispose à ses côtés de deux autres récupérateurs. Sur cette première mi-temps, seul Skhiri effectuait un travail de récupération satisfaisant, Khaoui étant lui aussi souvent en retard. On peut alors penser qu’un profil comme celui de Ben Amor, associé à Sassi et Skhiri, serait extrêmement précieux, que ce soit sur le plan défensif ou offensif, comme expliqué précédemment. C’est donc à la 22e minute que les portugais ont logiquement fini par ouvrir la marque, après un centre de Quaresma côté droit, repris par André Silva qui n’avait plus qu’à mettre sa tête pour envoyer le ballon au fond des filets, profitant de l’apathie de la défense tunisienne. 12 minutes plus tard, c’est Joao Mario qui aggravait le score à la suite d’un corner mal repoussé dans l’axe qui a permis au milieu de terrain de placer une magnifique frappe puissante sous la barre de Hassen. Avec ces deux buts d’écart, le pressing de la sélection entraînée par Fernando Santos s’est ensuite relâché, et les Aigles en ont profité afin de revenir à un seul but d'écart, à la suite d’une action bien menée qui a aboutie à une frappe puissante de Badri trompant le gardien de l’Olympique Lyonnais. Cette séquence, qui a débuté sur le côté droit avec un échange entre Hamdi Nagguez et Seif Khaoui, a fini sur le côté opposé et a contraint le bloc portugais à coulisser sur la droite, laissant le champ libre à un Badri qui a très bien joué le coup. Malgré une certaine réussite sur la passe décisive de Sliti, les Aigles ont montré sur ce but qu’ils étaient capables de déstabiliser un bloc très bien regroupé, grâce, entre autres, à la qualité offensive de ses latéraux, en l’occurrence Nagguez. Auteur d’un match assez moyen (voire insuffisant) sur le plan défensif, le latéral qui évolue désormais au Zamalek semble avoir retrouvé toutes ses capacités physiques qui avaient fait de lui un contre-attaquant redoutable. Ses accélérations tout au long de la rencontre ont mis Raphael Guerreiro et Mario Rui en grande difficulté, et il aurait même pu délivrer une passe décisive si Khaoui s’était montré plus précis après un centre parfait (23e minute).
Ellyes Skhiri au duel avec Ricardo Quaresma
Une deuxième période encourageante
Après une première mi-temps au score plutôt heureux, les tunisiens sont revenus des vestiaires avec du sang frais : Ali Maaloul a repris sa place sur le côté gauche à la place de Haddadi, tandis que Khaoui a été remplacé par Ben Youssef, s’installant sur le côté droit de l’attaque. Badri, quant à lui, a reculé dans un rôle de relayeur plus proche de Sassi et Skhiri. Le travail de récupération est alors devenu plus facile pour les Aigles, qui ont trouvé en deuxième période beaucoup moins de difficulté à accéder à la moitié de terrain adverse. Côté portugais, la plus grosse occasion de la deuxième période est venue de Bernardo Silva, oublié par Ferjani Sassi dans le half-space droit, qui a trouvé le poteau de Mouez Hassen après une séquence de dribbles mal défendue par le duo Benalouane-Meriah. La majorité des opportunités de la sélection de Fernando Santos venaient d’ailleurs de cette zone-là, où c’était tantôt Skhiri tantôt Meriah qui devaient compenser les absences de Sassi ou Maaloul/Haddadi. C’est à la 64e minute et à la suite d’un bon coup-franc obtenu sur le côté droit par Nagguez que les tunisiens sont parvenus à égaliser par l’intermédiaire de Ben Youssef, reprenant du pied droit un bon centre de Maaloul. Après ce but, le rythme est retombé du cté des deux équipes et l’entrée de Ghaylane Chaalali côté tunisien a permis de densifier le milieu de terrain, laissant peu d’espaces à Joao Mario et Bernardo Silva. Le score est finalement resté à 2-2, avec peu de choses à retenir des vingt dernières minutes.
Outre la force de caractère des Aigles, certains éléments ont également prouvé qu’ils étaient capables d’élever leur niveau de jeu durant 90 minutes. En effet, Yassine Meriah, Ellyes Skhiri, Naim Sliti ou encore Anice Badri se sont montrés très appliqués tout au long de la rencontre. La polyvalence du dernier élément cité, capable d’évoluer sur un côté ou dans une position plus axiale, peut s’avérer très précieuse dans une compétition comme celle-ci. Côté mauvais points, on peut noter la première période insuffisante de Ferjani Sassi et Yohan Benalouane, deux joueurs qui ont ensuite réalisé une seconde mi-temps beaucoup plus sérieuse. Saber Khelifa, de son côté, a eu du mal à se montrer disponible tout au long de la rencontre, et sa relation technique avec Sliti et Badri est encore loin d’être évidente.
Ce Vendredi, les Aigles disputent leur deuxième match de préparation contre la Turquie. Il sera ainsi important de gommer les erreurs entrevues lors de cette dernière rencontre. Côté tactique, il serait aussi intéressant de voir Nabil Maaloul former un milieu à trois avec Skhiri, Sassi et Ben Amor. Cela nous permettrait d'avoir plus d’indications quant à la complémentarité de ces trois éléments que l’on a seulement pu voir évoluer ensemble lors de la première mi-temps contre l’Iran il y a près de deux mois. Mais c’est surtout la dernière rencontre de préparation contre l’Espagne qui nous offrira le plus d’enseignements, avec une équipe dotée d’une qualité technique exceptionnelle et capable d’exercer un pressing complètement étouffant.