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Karim Ghariani

CAN 2017 : Une qualification et beaucoup d’enseignements


Lundi soir, la Tunisie a décroché son billet pour les quarts de finale de la CAN 2017 en s’imposant contre le Zimbabwe par le score flatteur de 4 buts à 2. Une rencontre très prolifique lors de laquelle les Aigles de Carthage ont assuré l’essentiel tout en produisant un beau spectacle. En effet, en plus de la qualification pour le deuxième tour de cette compétition, la sélection tunisienne a contre toute attente montré un visage très séduisant tout au long de cette phase de groupe. Retour sur ces débuts prometteurs.


Une défaite, suivie de deux victoires : voici le bilan des Aigles de Carthage à l’issue du premier tour de cette Coupe d’Afrique gabonaise. Dans un groupe qualifié de « groupe de la mort », la Tunisie est donc parvenue à glaner 6 points sur 9 possibles, en s’imposant haut la main contre l’Algérie et le Zimbabwe après s’être inclinée contre le Sénégal lors de son premier match. Au-delà de la performance, c’est tout d’abord la mentalité et l’esprit de cette équipe tunisienne qui est à signaler. En effet, dès le match contre le Sénégal, les tunisiens ont immédiatement décidé de prendre le jeu à leur compte en tentant de faire la différence face à une équipe pourtant supérieure sur le papier. Même si le changement de système opéré par le sélectionneur franco-polonais y est pour quelque chose, cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas pu observer une Tunisie aussi ambitieuse dans le jeu. Si l’on s’attendait plutôt à voir une équipe très défensive et évoluant en contre-attaques dans un système en 5-3-2, Kasperczak a surpris son monde en optant pour un dispositif en 4-2-3-1 avec un trio Msakni-Sliti-Khazri dont la connexion se parfait de match en match et dont les deux premiers éléments font partie de l’équipe type de cette phase de groupe. Derrière ces trois feu-follets s’est également formé un duo extrêmement intéressant composé de Ferjani Sassi et de Mohamed Amine Ben Amor, figurant d’ailleurs lui aussi dans le onze de ce premier tour. Absent contre le Sénégal pour cause de blessure, le joueur de l’Etoile du Sahel a profité des deux matchs suivants pour démontrer l’ensemble de ses qualités. Très complémentaire avec l’ancien Messin, il lui permet également de se projeter davantage en restant à la couverture et en multipliant les courses. Comme en témoigne sa passe décisive pour Msakni lors du premier but des Aigles contre l’Algérie, Sassi se retrouve souvent aux abords de la surface et profite de la qualité de son pied droit pour servir les attaquants dans les meilleures conditions. Ces deux éléments bénéficient également d’une qualité technique au-dessus de la moyenne leur permettant de participer grandement à la construction des attaques tunisiennes et de compenser les lacunes de leurs deux défenseurs centraux à ce niveau-là en allant chercher les ballons très bas sur le terrain. Le travail de ce duo combiné à l’effort des deux ailiers sur le plan défensif s’est ainsi fait ressentir lors des deux dernières rencontres. En effet, si contre le Sénégal les protégés de Kasperczak semblaient souffrir sur le plan tactique avec une équipe coupée en deux et d’énormes espaces entre les lignes offrant à l’adversaire un grand nombre de possibilités, nous avons pu voir contre l’Algérie et le Zimbabwe une Tunisie beaucoup plus équilibrée, même si quelques retouches sont encore nécessaires. Encore une fois, l’incorporation de Ben Amor, très précieux dans la récupération et pour gêner les attaques adverses, a assurément joué un rôle dans ce sens. Cette sélection semble donc avoir trouvé la bonne formule, mais doit cependant corriger les nombreux manquements qui existent dans sa défense. Nous avons effectivement pu observer lors de ces trois premières rencontres un grand nombre de problèmes notamment au niveau des deux axiaux Ben Youssef et Abdennour. Très souvent pris de vitesse, ces deux éléments ont également beaucoup de difficultés à participer à la construction des attaques en raison de leurs lacunes sur le plan de la relance. Ces derniers ont d’ailleurs failli coûter par deux fois un but à leur équipe à la suite de perte de balles aux abords de la surface de réparation tunisienne. En plus de ces problèmes sur le plan technique, la défense des Aigles se retrouve aussi très souvent en difficulté sur coups de pied arrêtés. Ainsi, après avoir encaissé un but mais aussi concédé une grosse occasion sur corner contre le Sénégal, la défense tunisienne s’est également fait très peur contre les fennecs en début de rencontre à la suite d’un coup de pied de coin et une tête de Slimani bien arrêtée par Balbouli. Les supporters tunisiens espèrent ainsi que Abdennour, diminué physiquement en raison d’une blessure qu’il traîne depuis maintenant assez longtemps profite de ces cinq jours de récupération et montre un autre visage contre le Burkina-Faso. A défaut de la qualité technique, Ben Youssef a quant à lui démontré lors des deux derniers matchs toutes ses qualités sur le plan physique et notamment face à Islam Slimani. Comme le rappelait si bien Kasperczak lors de sa conférence de presse, le but lors du quart de finale à venir sera donc d’empêcher les burkinabés de développer leur jeu en s’appuyant sur des éléments rapides et techniques comme Bertrand Traoré. Les latéraux ont quant à eux confirmé tout leur potentiel offensif lors de ce premier tour, même si leurs montées ont parfois du mal à être compensées par la couverture des deux récupérateurs. Représentant un atout considérable pour l’équipe de Kasperczak, leur apport lors des attaques tunisiennes est indéniable, comme en témoigne la passe décisive de Nagguez pour Khenissi lors du dernier match. Laissant cependant beaucoup d’espace dans leur dos lors de leurs montées, ils doivent être plus disciplinés lors des pertes de balles tunisiennes et des contre-attaques adverses en redoublant d’effort lors du repli défensif. Les Aigles ont donc surpris leur monde lors de cette phase de groupe en produisant l’un des jeux les plus attractifs de cette CAN et en finissant meilleure attaque sur ces trois premiers matchs. En s’appuyant sur un groupe avec une qualité technique plutôt rare en Afrique, Kasperczak peut aujourd’hui espérer voir son équipe aller loin dans cette compétition. Cependant, cela passe d’abord par le match de Samedi contre des burkinabés qui ne devront surtout pas être sous-estimés et qui sont une véritable bête noire de notre sélection. Les tunisiens devront lors de cette rencontre rester fidèles au visage qu’ils ont montré jusque-là avec un jeu prônant l’offensive et en tentant de se mettre à l’abri dès la première mi-temps. Pour ce faire, le trio Msakni-Sliti-Khazri devra encore une fois se montrer à son avantage en étant décisif dans les trente derniers mètres, s’appuyant sur une qualité technique capable de mettre à mal n’importe quelle défense de cette compétition. En pointe, le staff devrait faire le choix de reconduire un Khenissi qui a fini homme du match contre le Zimbabwe en inscrivant son premier but pour sa première titularisation lors de cette coupe d’Afrique. Même si ce quart de finale sera assurément difficile et risque de se jouer sur des petits détails, le peuple tunisien a toutefois gagné le droit d’espérer pouvoir enfin vibrer à nouveau devant une demi-finale de CAN. A suivre.

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